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Renaissance d’une M38A1 de 1954

jeudi 7 mars 2002, par Patrick

C’est en 1987 que j’ai découvert la Jeep que j’allais acheter. Au hasard d’un encart publicitaire dans un journal spécialisé en T.T., je suis allé chez un professionnel de la Jeep, installé en région parisienne. Là dans son parc, des dizaines de M201 et autres jeeps pour moi encore inconnues, j’allais bientôt apprendre qu’il s’agissait de Mutt et M38A1...

Riche de 17 000 Francs ( à cette époque c’est la monnaie officielle en France), je pensais pouvoir repartir avec la Jeep de mes rêves, peut-être pas très belle mais au moins roulante. C’est à l’annonce de mon budget que les choses se sont gâtées. En effet la M201 trés recherchée parce que plus connue atteignait des cours trop élevés pour moi.

C’est donc sur les conseils de mon guide-vendeur que j’ai commencé la visite commentée du parc de stockage Après être passé devant des dizaines et dizaines de M201, nous sommes arrivés à la partie réservée aux diverses MUTT et M38A1 dont je ne soupçonnais pas l’existence, 1 heure auparavant !

Suivent alors les informations techniques et l’historique de la M38A1, provenant pour celles-çi de l’armée hollandaise, qu’il diffusait sur notre territoire. Moins chère que la M201, elle etait également plus fiable. Mon choix était fait, ce serait une M38A1 !!! Rassuré, sachant que je ne serais pas bredouille, un doute malgrè tout persistait en moi... Loin de nous arrêter devant ces magnifiques spécimens, nous nous dirigions au fond du terrain vers un alignement de véhicules semblant plus voués à la casse qu’à la vente. Au fond du parc coincée entre une de ses soeurs et une cousine de l’armée saoudienne, je découvrais ma future acquisition.

Elle n’était pas belle à voir, les côtés ruinés, cabossée, rouillée et orpheline de son moteur ainsi que de nombreux éléments de carrosserie, il faut dire qu’elle était née en 1954 ! et à voir son état elle n’avait pas connu une vie facile. Elle présentait même des trous de balles, séquelles sans doute de son passé militaire.Après des tractations acharnés, le vendeur, qui deviendra un ami par la suite, me promettra la fourniture de toutes les piéces manquantes, en neuf ou occasion récente. Offre alléchante ! Marché conclut avec la signature d’un chéque qui me mettait à sec de mes économies.

Restait à rassembler toutes les bonnes volontés pour redonner vie à cette... épave n’ayons pas peur des mots. Et oui je n’avais pas prévue de repartir avec une voiture sur un plateau ! Un local prêté à 85 km de paris et ce pour 6 mois et déjà le gîte était assuré. Un copain, dépanneur de son état, accepta avec beaucoup de gentillesse de mettre son camion de remorquage à ma disposition pour le transport vers mon atelier provisoire.

Arrivée sur place, la miraculée encore incomplète s’installait au chaud et passait une première toilette.Un premier diagnostic rapide mais sérieux, permettait d’évaluer les dégats... Importants, mais pas irrémédiables, il faudrait du temps, du courage et aussi de l’huile de coude pour venir à bout de l’opération dans les 6 mois impartis, avant l’expulsion du local.

Rouille, chocs, déformation de la carrosserie et du châssis se révélaient au fur et à mesure. Enfin les piéces manquantes arrivent et le déshabillage complet de la Jeep peut commencer.

Démontée la caisse est plus facile à travailler que prévu et la réfection s’annonce rapide, une semaine et voila le résultat ! Le choc arrière sur la caisse et le châssis demande 3 jours de chauffe et de martelage pour redonner à l’ensemble sa forme originelle, beau cul, pas vrai !!!

Le reste du châssis en bon état ne nécessitera qu’un bon nettoyage. De même, les ponts et autres boîtes de vitesse et transfert à l’ouverture présenteront de nombreuses pièces neuves tels que les roulements, les joints et bagues, signe d’une remise en état récente ou d’un entretien sérieux. D’ailleurs je m’en rendrai compte plus tard, ces organes sont pratiquement indestructibles. Tous les travaux se présentaient bien et j’étais dans les temps pour redonner forme à ma Jeep. Mais quoi de mieux qu’un moteur pour la faire avancer lorsque tout sera terminé.

Je souhaitais en faire un usage quotidien et urbain, aussi le choix du moteur était important, le F-4-134 Hurricane était trop gourmand et surtout difficile à trouver sur le marché, après mûre réflexion, j’optais pour un moteur diesel, mais il me faudrait aussi trouver le kit d’adaptation qui me permettrait de l’accoler à la boîte de vitesse. Merci au Dieu des Jeepers, c’est en feuilletant une nouvelle fois les pages d’un magazine TT, que je tombais sur l’objet de mes recherches, l’annonce d’un particulier propriétaire de Jeep en Alsace qui vendait pour la modique somme de 2000 francs un moteur Indénor XD 4x88 avec son kit complet. Après avoir vérifié auprès du propriétaire que l’ensemble fonctionnait, il ne me restait plus qu’à croiser les doigts en attendant l’arrivée du coeur de ma M38A1. En attendant la réception du joli colis, je me prenais à rêver et j’entendais déjà le claquement du diesel dans le ventre de la belle.

Deux semaines plus tard, je déballais le moteur et sa cloche d’embrayage spéciale et après quelques aménagements nécessaires, je le déposais dans son nouveau logement.

Il faut dire que le montage de ce moteur et prévu pour une MB dont les dimensions sont différentes de la M38A1, et il me fallait transformer les supports moteur sur le châssis pour asseoir l’engin.

Après le montage des périphériques et la fabrication du circuit électrique (maison), premiers tours de moteur, il ne fume pas, ne boite pas, ça a l’air bon !

Il ne restait plus qu’à procéder au rhabillage de la belle, et à lui offrir une nouvelle livrée, ce sera un jaune sable du plus belle effet qui lui donnera un air plus pacifique... les citadins ne sont pas tous amateurs de kaki.

C’est dans les temps et après les derniers réglages que ma Jeep fera ses premiers tours de roues à la campagne, dans les champs de mais.

Un peu fier de mon premier essai, j’ai pu rouler en jeep dans Paris pendant deux ans. Dans le quartier tout le monde la connaissait et elle était source de nombreuses discussions, jusqu’au jour ou un indélicat qu’on appelle vulgairement un voleur, mais certainement pas un amateur de Jeep est monté dedans et est parti avec sans jamais me la rendre.

Triste fin pour une si belle histoire, depuis je n’ai pas réussi à me débarrasser du virus et j’ai de nouveau sauté le pas pour la restauration de deux autres jeeps : une M38A1 de 1966 et une CJ5 de 1962 provenant de l’armée Suisse.

Si vous le souhaitez je vous raconterai ces nouvelles histoires...




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